Article Sciences et Avenir - Juin 2010

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(...) 'Industriels et experts tentent en effet de mettre en place des méthodes efficaces et satisfaisantes pour tenter de faire accepter leur projet et dialoguer avec toutes les parties prenantes. Ce dernier volant étant sans doute - et de loin - le plus problématique...

Pour l'instant, côté technique, tout ne fonctionne pas à merveille. Les opérations, commencées en janvier, ont été interrompues un mois plus tard à la suite d'une avarie sur un compresseur de la chaudière située à Lacq, à 30 kilomètres de là. Elles ont repris en avril. Un incident temporaire auquel est venu s'ajouter le dysfonctionnement d'un détecteur sismique profond qui doit être remplacé.

Côté dialogue social, ça grippe aussi car de nombreuses voix se sont élevées contre le projet. Présente à Lacq depuis 1957, Total tablait sur son rôle économique majeur dans la région pour faire accepter son projet de site d'injection. Mais cela n'a pas suffi à apaiser les craintes. « L'exercice a parfois été douloureux. Cette situation n'est pas habituelle pour nous, industriels », constate Nicolas Aimard, le responsable du projet chez Total.

(...) L'enquête publique, réalisée entre juillet et septembre 2008, a traduit cette opposition : « Sur 120 suffrages exprimés, plus de 80 étaient contre », rappelle Paulette Loustalet. Une Commission locale d'information et de sécurité (Clis) avait été mise en place en juin 2008 - comme cela se fait à proximité des installations nucléaires - afin d'informer les habitants et de faire se rencontrer les principaux acteurs du dossier. Les échanges ont été houleux. L'autorisation officielle du projet par la préfecture a finalement été donnée le 13 mai 2009. Les associations n'ont pu dès lors que déposer un recours devant le tribunal administratif, resté sans réponse jusqu'à aujourd'hui. Elles pointent notamment l'illégalité du projet, la directive européenne sur le CSC n'ayant pas été encore transcrite en droit français. « Cette concertation a tout de même permis quelques avancées, notamment sur la mise en place d'une commission locale d'information et de surveillance qui fonctionne assez bien », remarque Minh Ha-Duong, du Cired. « En revanche, l'indépendance de la contre-expertise sur le plan de surveillance du site de Total a été sérieusement mise en cause par les opposants. » C'est aussi ce que regrette un franc-tireur de la région, Jean Arriau, ancien maire de Billère, dans l'agglomération paloise. « Nous avons ici l'occasion de développer un savoir-faire sur ce que j'appelle une «vérification technique environnementale». C'est-à-dire une méthode pour impliquer une tierce expertise dans le projet et tenir compte des différentes parties prenantes. Nous pourrions alors tomber d'accord sur des normes qui pourraient servir ailleurs, défend Jean Arriau. Pour l'instant, cela ne se fait pas, mais je reste optimiste. »'

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