Captage-stockage de CO2 : un projet phare abandonné en Norvège

LE MONDE - 29.10.2013 - Cliquez ici pour lire l'article en ligne

'La Norvège a dû se résigner, fin septembre, à abandonner son projet phare de captage et de stockage de CO2 à Mongstad, sur la côte sud-ouest du pays. Le gouvernement sortant de centre-gauche en avait pourtant fait la figure de proue de sa politique énergétique depuis son arrivée au pouvoir, en 2005, afin d'apporter sa pierre au combat contre le réchauffement.

Sous l'impulsion historique de Gro Harlem Brundtland, première ministre norvégienne et architecte du Sommet de la Terre à Rio en 1992, Oslo a toujours voulu afficher de fortes ambitions en matière climatique. En 2007, le Parlement avait ainsi annoncé son intention d'atteindre la "neutralité carbone" d'ici à 2030 : c'est-à-dire de compenser toutes ses émissions carbone par autant de réductions. En Norvège ou ailleurs sur la planète du reste. Oslo finance, par exemple, un programme annuel d'environ 350 millions d'euros de lutte contre la déforestation mondiale.

COMPENSER LA POLITIQUE "TOUT PÉTROLE"

Une façon de compenser la politique "tout pétrole" que les gouvernements ont menée depuis plusieurs décennies et que rien ne semble freiner. Pour l'ensemble du socle continental norvégien, plus de 25 milliards d'euros devraient encore être investis cette année, un record absolu.

D'où l'importance du projet de captage-stockage de dioxyde de carbone, annoncé en 2006, qui prévoyait, à l'horizon 2014, l'enfouissement des émissions de CO2 de la raffinerie de Mongstad – la plus grosse du royaume, d'une capacité de 12 millions de tonnes de brut – et de la centrale au gaz attenante.

Mais, à la mi-septembre, la Cour des comptes norvégienne a durement critiqué la gestion du projet par Statoil (opérateur public à 67 %).Le chantier, retardé, est beaucoup plus cher que prévu. Pour Frederic Hauge, président de l'ONG environnementale Bellona, ce renoncement "restera comme le symbole de l'échec de l'ancien gouvernement sur la politique climatique.'' Au fil des ans, Oslo aura investi 7,2 milliards de couronnes (900 millions d'euros) pour tester différentes solutions de captage de CO2, dont 150 millions d'euros pour Mongstad.

DEUX SITES OPÉRATIONNELS

L'abandon du projet ne signifie pas pour autant que la Norvège tourne définitivement le dos au captage-stockage de CO2. La recherche se poursuit au Centre technologique de Mongstad doté de 50 millions d'euros. Le français Alstom et le norvégien Aker Clean Carbon y testent leurs technologies.

Quant au nouveau gouvernement conservateur, il a affiché sa volonté de lancer un autre projet de captage et de stockage du CO2 à grande échelle, d'ici à 2020. Quoi qu'il en soit, deux sites norvégiens demeurent opérationnels.

Depuis le gisement de Sleipner, en mer du Nord, 14 millions de tonnes de CO2 ont été injectées, depuis 1996, dans le réservoir Utsira d'une capacité de 17 millions de tonnes. La capture est opérée directement depuis la plate-forme pétrolière.

Sur le gisement de Sno-Hvit, en mer de Barents, le captage est opéré depuis l'usine LNG de Hammerfest et le CO2 renvoyé sur le gisement à 150 km en mer par un gazoduc. Près de 2 millions de tonnes ont déjà été injectées depuis avril 2008 dans le réservoir, d'une capacité estimée entre 31 et 40 millions de tonnes.

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