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'LACQ (Pyrénées-Atlantiques) - Le site de stockage de CO2 de Total à Lacq, près de Pau, a été inauguré lundi par la secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Ecologie, Valérie Létard, sous les contestations de défenseurs de l'environnement, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le déroulement de la visite de la secrétaire d'Etat chargée des Technologies vertes, qui était accompagnée par Christophe de Margerie, directeur général de Total, a été partiellement abrégé par une double manifestation réunissant défenseurs de l'environnement, qui contestent le projet, et syndicalistes de Total venus appuyer des revendications salariales.

Mme Létard et M. de Margerie ont actionné ensemble un bouton pressoir symbolique pour lancer l'expérience pilote de Total qui prévoit l'enfouissement de quelque 150.000 tonnes de CO2 à 4.500 m de profondeur, dans un champs gazier épuisé. Cette technique doit contribuer à la diminution des émissions de gaz à effet de serre.

La secrétaire d'Etat s'est félicitée de ce "pari réussi, un pari gagnant pour notre pays", soulignant le rôle de l'enfouissement du dioxyde de carbone aussi bien comme "outil écologique" pour réduire les émissions de CO2 que comme "outil économique" susceptible de constituer une nouvelle "filière industrielle" pour le pays.

"Le marché potentiel pour cette technologie peut représenter quelque 600 milliards d'euros à l'horizon 2030", a dit Valérie Létard, citant notamment le marché des "pays émergents".

La secrétaire d'Etat a rappelé qu'il ne s'agit pour le moment que d'une expérience pilote, précisant que la phase "industrielle réelle" sera précédée d'études complètes sur la "viabilité", la "sécurité" et "l'acceptabilité" de ce procédé par les populations des sites concernés.

Une vingtaine de militants de l'association Coteaux Jurançon environnement, riverains du site de Rousse où sera enfoui le CO2 capté à Lacq, était sur place, brandissant des banderoles hostiles au projet. "C'est mettre la poussière sous le tapis", a indiqué à l'AFP Paulette Loustalet, présidente de l'association.

Dans une lettre ouverte au ministre Jean-Louis Borloo, la Fédération France Nature Environnement (FNE) et le Réseau Action climat (RAC), parmi les signataires, ont estimé que "cette technique ne constitue pas une solution aux enjeux climatiques".

Le projet présente un "risque pour les riverains", alors que le dioxyde de carbone (CO2) "mortel à 5% de concentration dans l'air est absolument indétectable et inodore", estiment ces organisations qui accusent Total de n'avoir "pas réussi à identifier des bio-indicateurs qui pourraient révéler une fuite de ce gaz stocké".

Le procédé inauguré à Lacq consiste, dans une première phase, à "capter" le dioxyde de carbone émis par l'une des cinq immenses chaudières utilisées pour la production et le traitement du gaz naturel qui est extrait sur ce bassin.

Au coeur du complexe gazier traditionnel, de nouvelles unités ont été mises en place pour piéger le gaz carbonique de cette chaudière par "oxycombustion" des fumées émises.

Le CO2 ainsi récupéré, concentré à plus de 90%, est transporté par pipeline à 27 km de là, vers le site de Rousse à Jurançon, tout proche de Pau, où il doit être enfoui dans un ancien puits d'extraction de gaz de Lacq. Le pipeline utilisé est celui-là même qui a servi dans l'autre sens, pendant 30 ans, a acheminer le gaz extrait vers l'usine de Lacq.

Une centaine de syndicalistes de Total avaient mis à profit l'inauguration du site pour venir sur place rappeler des revendications salariales qui concernent l'ensemble des employés du groupe pétrolier en France. Quelques bousculades ont eu lieu lorsque les forces de police ont tenté de les empêcher de pénétrer sur le site.'

(©AFP / 11 janvier 2010 16h22)

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