Article Sud Ouest du 10 Janvier 2011 - Cliquer ici pour accéder à l'article en ligne

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"Mât d'Hercule pour une sonde

"L'entreprise Total a engagé de gros travaux sur le puits d'injection de CO2 à La Chapelle-de-Rousse pour récupérer une sonde défectueuse. Un mât de forage a été installé ce week-end. Coteaux de Jurançon environnement n'accepte pas le pilote créé par Total.

La sonde sismique placée à 4 500 mètres de profondeur dans le puits d'injection de CO2 à Jurançon aura donné du fil à retordre à l'entreprise Total. Installée en juillet 2009, avant même le démarrage du pilote, elle a fonctionné jusqu'en août de la même année puis est tombée en panne. Un problème qui n'a pas empêché le pilote de démarrer puisque l'État a donné son accord le 11 janvier 2010.

« L'appareil est utilisé pour la recherche et le développement afin d'étudier le comportement du CO2 dans le puits. La sonde de fond n'assure pas que la surveillance sismique car six autres sondes situées à proximité enregistrent les mêmes données », rassure Guy Zahan, directeur de la communication de Total dans le département.

L'objectif annuel n'est pas atteint

Le 11 janvier 2010, le pilote de captage et de stockage géologique de dioxyde carbone (CO2) était inauguré par Valérie Létard, secrétaire d'État aux technologies vertes. Le captage s'effectue sur le complexe de Lacq, l'injection et le stockage se réalisent sur le site de Chapelle-de-Rousse à Jurançon, dans l'ancien puits de gaz naturel de Rousse. Dans son arrêté, l'État avait autorisé le stockage de 120 000 tonnes pour deux ans.

Fin 2010, après une année de fonctionnement, seulement 10 000 tonnes ont été stockées à Rousse, soit un dixième de l'objectif à atteindre. « Nous sommes en dessous de ce que l'on souhaitait faire en une année et nous ne stockerons pas 110 000 tonnes en 2011. 80 000 tonnes, ce serait bien », avoue Guy Zahan, responsable de la communication chez Total.

Plusieurs raisons peuvent expliquer ces chiffres. Les travaux actuels pour remonter la sonde obligent l'interruption de l'activité pendant au moins un mois. D'autre part, deux pannes sont intervenues sur le compresseur basé à Lacq, ce qui a occasionné trois mois d'arrêt au total. Une des chaudières a dû être renvoyée en Autriche. « Il y avait des problèmes de corrosion en raison de la mauvaise déshydratation du CO2. » Car pour être acheminé, le CO2 doit être compressé afin d'être séché. Cela fait naître un liquide corrosif pour les tuyaux. « Tout ceci est normal. N'oubliez pas que nous sommes sur un pilote. Nous expérimentons pour tout le monde le captage et le stockage de CO2 », justifie Guy Zahan.

Actuellement, le compresseur de Lacq est de nouveau en maintenance. Total profite de l'arrêt de l'activité pour l'examiner et procéder à des ajustements si nécessaire.

O. F.

Le ministère de l'écologie avait pour sa part demandé aux services de l'État du département et à l'école des Mines de vérifier si cet arrêt de la sonde n'avait pas d'incidence sur la surveillance sismique. Des études rassurantes ont été rendues et Total a enfin pu organiser le chantier qui vient de démarrer afin de remonter la sonde et analyser le dysfonctionnement. « On ignore où est le problème. Cela peut provenir de la fibre optique, de la température du capteur ou d'autres phénomènes… » poursuit Guy Zahan.

Six millions d'euros

Trois semaines de chantier sont nécessaires à cette opération très technique et un véritable arsenal de forage pétrolier a été mis en place. Il faut faire vite, car à environ 250 000 euros par jour la location du matériel, la facture finale dépassera les 6 millions d'euros.

Les travaux devaient démarrer le 18 décembre, ils ont finalement commencé le 4 janvier 2011 : le rig (plate-forme de forage) qui appartient à la Société de maintenance pétrolière (SMP) basée à Château-Renard (1) était bloqué sur un autre chantier de Total.

Depuis mardi dernier, 65 camions ont acheminé le matériel ; le mât de forage a lui été dressé samedi après-midi. Un placement minutieux au centimètre près, entouré d'une sécurité maximale tant le matériel est lourd et son installation complexe. Une plate-forme de commande a elle aussi été installée tandis qu'une énorme vanne de travail (un BOP, comme bloc d'obturation de puits) est venue remplacer la vanne permanente de la tête du puits.

Une fois prêt à l'emploi, le mât de forage devrait véritablement entrer en action cette semaine et sortir un à un les 500 tubes métalliques qui mènent jusqu'à la sonde.

Ces tubes mesurent chacun 9 mètres de longueur. Ils sont enserrés dans une immense cheminée de ciment longue de 4 500 mètres. 30 personnes postées en 3x8 se relaient 24 heures sur 24. Un staff administratif et technique les accompagne. Certains ouvriers viennent de la région ; les autres sont logés à l'hôtel. Un superviseur de Total est présent en permanence ainsi que des personnes chargées de la sécurité du site. Le puits de Rousse d'ordinaire vide, mise à part la personne chargée de la surveillance, connaît donc une activité inhabituelle ce mois-ci.

Un cahier des charges pour minimiser les impacts a été imposé en raison de la proximité du voisinage : compresseur et treuil insonorisé. La circulation des camions a elle aussi été minutieusement orchestrée avec des voitures pilote. Une lettre spécifique a été apportée à tous les voisins de l'installation. Il faut dire que l'opposition contre le pilote de captage et d'injection de gaz carbonique est toujours active à Chapelle-de-Rousse. "

(1) SMP possède également une base opérationnelle à Lons, avenue Barthélemy Thimonier."

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