Lire l'article en ligne : 12 juin 2013 - Actu-Environnement.com - Cliquez sur ce lien

'Dans une analyse bibliographique de retours d'expérience de sites de stockage de gaz, l'Ineris met en avant les risques de fuites ou d'incidents mécaniques liés à la technique de CSC.

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Pour 80 sites de stockage de dioxyde de carbone ou assimilés, des fuites (92%) ou des accidents mécaniques (surrection des terrains, effondrements, etc.) ont été relevés. C'est l'un des résultats d'une étude de l'institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris), publiée le 30 mai 2013. En point de repère, aujourd'hui plus vingt sites sont opérationnels pour le stockage de CO2 dans le monde (dont 5 où des incidents ont été signalés).

Pour réaliser cette analyse, l'institut a rassemblé, grâce à une recherche bibliographie, des retours d'expérience d'accidents liés à un stockage de gaz. La plupart des accidents (près d'un cas sur deux) sont des fuites ou éruptions massives. Ces dernières ont entraîné pour 18 cas un incendie ou une explosion et dans deux situations un déversement en milieu marin. 43% des sites présentent des fuites plus lentes et diffuses. Pour 24% des cas, elles restent localisées dans le milieu souterrain. Elles atteignent la surface pour 19% des cas (avec émanations diffuses en surface et pollution des sols). "Nous avons répertorié seulement deux cas où il est avéré que ces fuites diffuses impactent à la fois le milieu souterrain et la surface, note dans son rapport l'Ineris. La contamination d'un aquifère sus-jacent, en tant que phénomène final découlant de ces fuites lentes, a été reportée et avérée dans 5 cas sur 34".

Le programme Picoref a étudié par modélisation numérique l'impact mécanique de l'injection de CO2 pour ce qui concerne les gisements épuisés d'hydrocarbures.

"Ainsi, l'une des conséquences possibles de ces réajustements de contraintes concerne le risque d'apparition de ruptures plus ou moins localisées et/ou de rejeux des failles potentiellement présentes sur le site", précise l'Ineris.

Dans son analyse des retours d'expérience, l'institut a relevé un cas de surrection des terrains sur le site de In Salah (Algérie), et des cas d'effondrements sur les exploitations d'hydrocarbure de Haoud Berkaoui (Algérie) et de Wink Sink au Texas ainsi qu'une explosion souterraine en Chine (ce cas est cependant peu détaillé). A l'origine des effondrements : la formation d'une cavité, créée par le lessivage d'un horizon salin."Bien qu'il s'agisse de contextes a priori assez éloignés du stockage de CO2, il est intéressant de constater que dans les deux cas, la cause initiale est la dégradation d'un puits, qui a créé la communication avec cet horizon salin", souligne l'Ineris.

De manière plus précise, trois types d'exploitation sont plus représentatifs de la technique du CSC : les stockages de gaz en aquifères (17 cas), en gisement d'hydrocarbure déplété (12 cas) et en cavité saline (12 cas).

L'événement le plus fréquent (50% des cas environ) pour les stockages en aquifère ou en gisement déplété s'avère la fuite vers un compartiment souterrain sus-jacent. Vient ensuite une fuite massive en surface. Pour le stockage en cavité saline, le blowout est le plus fréquent (42% des cas), puis les fuites massives en surface, et les fuites en milieu souterrain moins bien localisées.

La principale cause : des erreurs de conception

L'une des principales causes de ces incidents découle d'erreurs de conception ou de sous-estimation de certains mécanismes lors de la conception (42% des cas où la cause est identifiée). Dans la majorité des cas, la caractérisation initiale du milieu s'est révélée insuffisante pour détecter des failles ou hétérogénéités pré-existantes, ou bien du système géologique qui ne se comporte pas comme prévu.

"Chaque site de stockage est particulier et dépendant de la géologie locale, pointait dans une interview accordée à Actu-environnement en mai Isabelle Czernichowski-Lauriol, présidente de CO2GeoNet et chef d'unité valorisation des aquifères profonds au BRGM, plus nous aurons de retour d'expérience de sites concrets, mieux nous serons armés pour préparer des stockages grandeur nature sur de nombreux autres sites".

Autre source de défaillance pour 21% des cas : un problème technique (sur les équipements de surface, la tête de puits ou l'équipement des puits) lors de l'exploitation. Pour 24% des cas où les causes sont connues, les accidents sont liés à des erreurs humaines en exploitation, soit au cours des phases critiques que constituent les travaux ou la maintenance sur les puits. Enfin, pour 9% les causes connues sont naturelles : cinq événements sismiques et un glissement de terrain.

La nécessité de collecter des "signaux faibles"

"Notre base de données ne rend compte que de ce qui est objectivement constaté à ce jour sur des périodes de temps qui sont très courtes, comparées à celles d'un stockage du CO2, alerte l'Ineris. Il faut également rappeler qu'il existe de par le monde des accidents et incidents dont nous n'avons pas connaissance, soit parce que le cadre réglementaire n'oblige pas l'opérateur à réaliser un reporting précis, soit parce que le stockage ne s'est pas comporté comme prévu, sans que cela ait été interprété comme un incident".

L'institut encourage donc, pour renforcer la sécurité de futurs projets, la collecte de ce qu'il appelle des signaux faibles : une défaillance du système de surveillance, un événement sismique induit, une surrection importante des terrains, ou le constat d'une mauvaise prévision de l'évolution du stockage, même s'ils n'ont pas conduit à des incidents.'

Dorothée Laperche

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