Article Actu Environnement Victor Roux-Goeken - 12/04/2010

'L'Ineris vient d'inventorier les (nombreux) risques liés à l'injection de CO2 en profondeur dans un rapport publié fin mars. Bien que l'analyse des risques soit embryonnaire, le captage et stockage de CO2 est appelé à être massivement développé.

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'Eruptions, fuites massives ou diffuses de CO2, contaminations de compartiments de l'environnement par ce gaz ou les impuretés qu'il contient, risques de sismicité et mouvements de terrain… Tels sont les principaux risques potentiels à redouter liés au captage, transport et stockage de CO2 (CSC), qui viennent s'ajouter aux doutes sur la faisabilité technique, la viabilité économique et l'efficacité environnementale de cette technologie… Dans un rapport timidement publié lundi 29 mars, l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) dresse l'état des connaissances sur les risques liés à cette technologie, appelée à devenir l'un des principaux outils de lutte contre le changement climatique.

L'injection, opération la plus critique du CSC

Pour le moment, le rapport est limité aux risques pendant l'injection du CO2, l'une des trois phases de l'exploitation d'un site (conception, injection, fermeture), et dure entre 30 et 40 ans. C'est l'opération la plus critique de la filière CSC au plan de la sécurité, prévient l'Ineris. Les risques liés au seul stockage, d'une durée d'un millénaire, feront eux l'objet d'un deuxième rapport à paraître au cours du second semestre 2010.

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Les puits d'injection constituent une première source de risque de fuite à court, moyen et long termes. Au cours de la phase d'injection à 800 mètres sous terre au moins du CO2, ces puits sont soumis à d'importants écarts de température entre fluide et roche ainsi qu'à la dissolution de matière. Deuxième source de risque : les perturbations de nature thermo-hydro-mécano-chimique (THMC), qui pourraient dissoudre la roche-réservoir, faire varier sa porosité et la fissurer. Les perturbations THMC seront induites par l'injection du CO2 à l'état supercritique, les impuretés associées au CO2 lors de son captage (oxygène, oxydes de soufre ou d'azote) et les réactions chimiques avec la roche.

Mettre en place un rapide retour d'expérience

Du fait de l'émergence de cette technologie, l'analyse des risques qui y sont liés est encore peu développée. L'impact potentiel des scénarios de risques sur l'environnement ou sur la santé humaine n'a été que rarement estimé de manière quantitative, conclut l'Ineris. Situés en mer du Nord (Norvège), les deux plus anciens sites de stockage de CO2 ne datent que de 1996. Et seuls une dizaine de sites sont en fonctionnement dans le monde. L'évaluation des risques souffre donc d'un cruel manque de retour d'expérience, note l'institut, qui rappelle que de nombreux travaux témoignent d'un besoin de renforcement de la recherche portant sur les risques, la sécurité et l‟impact environnemental. L'Ineris recommande la mise en place rapide d'un retour d'expérience spécifique à la filière. La réalisation de puits de contrôle pour détecter d'éventuelles fuites de CO2 est envisagée.

En France, les sites de Rousse, dans le bassin de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), et de Claye-Souilly, Massy-Palaiseau ou Saint-Martin-de-Bossenay (Bassin parisien) sont à l'étude pour accueillir de telles installations. Le cadre juridique nécessaire au développement de cette technologie pourtant peu grenello-compatible figure dans le projet de loi Grenelle 2. Toujours enclins à s'assurer que les technologies de lutte contre le changement climatique génèrent le moins de nuisances possibles, au besoin en renforçant la contrainte réglementaire - comme pour l'éolien -, les sénateurs ont pourtant adopté ce cadre juridique en septembre dernier, sans le moindre débat sur les risques du CSC.'

Victor Roux-Goeken - Actu-Environnement.com - 12/04/2010 - Lien direct au site

Cliquez ici pour lire le RAPPORT DE L'INERIS - MARS 2010

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